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Histoire de l'escrime

Publié le 15.01.10

Étymologiquement, la notion d'escrime s'inspire de la terminologie asiatique et plus particulièrement chinoise qui, en apprenait déjà les techniques vingt siècles avant notre ère.


Le bas latin schermare et l'italien scherma donnèrent l'ancien français « escremir » qui signifiait combattre, tirer des armes. Plus récemment, le mot « escrime » proviendrait du scandinave « skrimen » signifiant « art de se défendre ».


Cataloguer ou modéliser l'escrime s'avère complexe : doit-on utiliser les armes employées ou les objectifs poursuivis, doit-on choisir la réglementation adoptée ? Faut-il y inclure toutes les pratiques avec arme blanche et peut-on inclure toutes les armes de poing telles que bâtons et cannes ? L'escrime est-elle une science ou une pratique, un sport ou un jeu, un art de tuer ou un art de vivre ? Ne doit-on y voir que l'opposition armée entre deux adversaires ou y adjoindre les pratiques armées sans adversité réelle ?

 

Là où certains voient en l'escrime une technique armée, d'autres y reconnaissent une philosophie semblable au Budo qui concerne les traditions chevaleresques et les activités militaires, se proposant de donner à travers des méthodes de combat, une meilleure compréhension de soi pour parvenir à une compréhension vécue de ses semblables. Le savoir-faire technique se transforme en un savoir être où la maîtrise de l'arme n'est que le prolongement d'une maîtrise de soi et de l'autre.


Cette dimension s'applique à l'escrime pour ne pas la réduire à un simple catalogue de gestes techniques utilisés avec telle ou telle arme. Les différentes formes d'escrime ne différent pas seulement par la variété des armes utilisées et par les techniques employées, elles prennent toutes leurs spécificités dans la signification du comportement, des intentions, suivant le degré de la motivation. Ni réductible à une séquence de gestes et de phrases d'armes, ni limitée à une pure philosophie, elle répond à la totalité de la personne qui s'escrime.


Ainsi nous pourrions définir l'escrime comme un ensemble de pratiques codifiées utilisant des armes de pointe et de tranchant, pouvant se pratiquer seul(e), à deux ou en groupe, en situation d'opposition ou de coopération, dans le but de plaire ou de gagner, d'éduquer, de combattre et/ou de mimer un combat.

 

Pour diverses raisons morales et politiques, utilitaires et sociales, l'escrime a captivé hommes de lois et militaires, éducateurs et écrivains, médecins et scientifiques. Les plus grands rois lui donnèrent ses lettres de noblesse en transformant l'art de frapper en art de toucher adversaires et publics. À la fois arts, jeux, cultures, sciences et sports, l'escrime revêt une diversité de formes et d'intérêts qui lui assigne une fonction culturelle importante.


Pratique essentiellement militaire et guerrière jusqu'au 20e siècle, l'escrime conserve une fonction utilitaire et justiciable tant que le duel et le code de l'honneur perdurent. Il devient art d'agrément sous l'influence de Louis XIV qui fait de ce loisir un des trois Arts Académiques avec la danse et l'équitation. Après la Révolution, les bourgeois s'approprient l'escrime (et le duel) pour en faire un art sportif puis, progressivement, un sport artistique avant qu'elle ne devienne un sport à part entière. Les J.O. de 1896 et l'escrimeur averti, Pierre de Coubertin, consacrent cette évolution qui se confirmera au long de toutes les Olympiades, faisant de l'escrime le premier sport français au nombre de médailles (115 dont 41 or, 40 argent, 34 bronze), soit 20% des 571 médailles d'escrime distribuées par le CIO depuis 1896 à 31 nations.


L'escrime des premiers Jeux rassemblait 4 pays en 3 épreuves. 7 titres sont disputés par 23 nations en 1924 et 10 podiums en 2008. Si l'intégration de nouvelles épreuves vient renforcer la place de l'escrime au sein du mouvement olympique, cette dernière doit faire face à l'arrivé constante de nouveaux sports.

 

Pour se faire, l'escrime est devenue un sport plus moderne et attractif afin de sensibiliser un public beaucoup plus large.


La Fédération Française d'Escrime trouve ses racines institutionnelles en 1882 et voit le jour en 1906. Sur le plan international, la FFE a toujours joué un rôle important avec ses 65000 licenciés et ses 750 salles d'armes, sa féminisation de 33% et la qualité de sa maîtrise d'armes.

 

Si le sport de haut niveau reste une préoccupation essentielle, les formes d'escrime se multiplient afin d'assurer sa diffusion auprès d'un large public :

 

  • l'escrime sportive d'opposition au fleuret, à l'épée et au sabre. Le but est de gagner, voir de toucher ; ces trois armes se distinguant en trois points : où toucher (cible), comment toucher (pointe ou tranchant) et quand toucher (convention et règlement). Sans entrer dans le détail on parle de deux armes uniquement d'estoc (où l'on touche de la pointe) : le fleuret et l'épée et une arme essentiellement de taille (touche avec le tranchant) : le sabre. On distingue deux armes conventionnelles où certaines actions sont prioritaires : le sabre et le fleuret et une arme plus libérale : l'épée... Et des cibles différentes pour l'épée (tout le corps), le fleuret (le buste) et le sabre (au dessus de la ceinture).
  • l'escrime éducative scolaire et universitaire : elle peut adopter toutes les formes de pratique et de nombreux aspects transversaux ;
  • l'escrime loisir, à une arme ou à plusieurs, compétitive ou artistique et le ludoescrime.
  • l'escrime rééducative et éducative handisport : elle peut être d'opposition ou de coopération ;
  • l'escrime artistique, ancienne et de théâtre à une ou plusieurs armes. C'est une escrime spectaculaire de coopération et non d'opposition ;

 

Inévitablement, l'image donnée par l'escrime actuelle n'est que le reflet de préjugés et de représentations différentes issues de son passé militaire et duelliste et d'une vitrine actuelle très olympique. Sport de combat subtil et élégant, spectaculaire et attrayant...


Flexibilité et plasticité sont les caractéristiques d'une escrime transversale à laquelle on attribue des valeurs sociales et morales traditionnelles, mais aussi des influences humaines très spécifiques telles que la vitesse, la précision et la réactivité, faisant de l'escrimeur moderne, un décideur. L'art de tuer est devenu art de vivre et, comme l'écrivait Lafaugère, « sa tâche est de mettre à profit, les qualités du cœur, du corps et de l'esprit ».

 

Une grande célébration dans un pays amoureux de l'escrime


L'escrime est aujourd'hui le premier sport olympique français et occupe une place de prédilection dans la grande tradition sportive française.

 

Depuis la création des Jeux Olympiques modernes en 1896, la France a obtenu 115 médailles (individuelles et par équipe), dont 43 en or.

 

Ce palmarès inégalé fait de la France la première nation d'escrime du monde et a permis à ce sport d'acquérir une place privilégiée dans le cœur des Français.

 

Pourvoyeuse de grands champions, aimés et respectés, qui ont marqué la mémoire collective, la fine fleur de l'escrime internationale peut compter sur un accueil hors-du-commun et sur la plus chaleureuse des ambiances de la part du public lors de son passage à Paris en 2010.